Biodiversité, Vidéo : Virginie Courtier-Orgogozo - Penser autrement le monde vivant
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Conférencière : Virginie Courtier-Orgogozo est Directrice de Recherche au CNRS, Institut Jacques Monod - Université Paris Cité, Médaille de Bronze CNRS 2014.
Devant les grands défis que rencontre le XXIe siècle, notamment face au réchauffement climatique, à la crise de la biodiversité et à l'essor des biotechnologies, il est nécessaire d’essayer de mieux comprendre le monde vivant et la biodiversité, afin que la planète Terre continue d’être habitable par les humains. Plusieurs caractéristiques du monde vivant ne sont pas intuitives. Or, elles sont essentielles à sa compréhension : son ancrage dans un processus historique, la présence au sein de chaque être vivant d’un élément central et universel que constitue la molécule d’ADN ou d’ARN, les nombreuses interconnexions à diverses échelles, la complexité et l’imbrication des phénomènes sous-jacents et l’émergence de certaines régularités. Notre perception du monde vivant est biaisée par notre tendance à chercher la simplicité, à fonctionnaliser le vivant, et à hiérarchiser. Prendre conscience de nos biais de perception permet d’apporter un nouveau regard sur le monde vivant pour mieux appréhender la situation actuelle et envisager sereinement le futur.

Dans le cadre de la conférence intitulée "Penser autrement le monde vivant", Virginie Courtier-Orgogozo, éminente directrice de Recherche au CNRS, explore la diversité fascinante des formes de vie sur Terre et explique comment cette biodiversité est aujourd'hui menacée. À travers l'exemple concret des mouches drosophiles étudiées dans son laboratoire, elle illustre comment les espèces s'adaptent à leur environnement grâce à des mécanismes comme la production d'une colle très résistante durant leur métamorphose.
Virginie Courtier-Orgogozo insiste sur le fait qu'aujourd'hui, il n'y a pas de séparation nette entre la nature sauvage et le monde modifié par l'Homme : les deux sont profondément entremêlés. Elle montre comment les êtres vivants, comme certaines plantes urbaines ou des oiseaux, s'adaptent rapidement aux environnements fortement influencés par l'humain. Par exemple, elle cite le cas de la mésange charbonnière dont le chant est modifié en milieu urbain pour s'adapter au bruit des villes.
La conférence met en avant l'impact profond des humains sur la planète, marquant l'entrée dans l'Anthropocène, une époque caractérisée par l'extinction rapide et massive d'espèces. Virginie Courtier-Orgogozo détaille les principales causes de cette crise de la biodiversité : destruction des habitats, pollution, changement climatique, espèces envahissantes et surexploitation. Elle rappelle que préserver la biodiversité est crucial, non seulement pour les nombreux services que les écosystèmes rendent aux humains (comme l'alimentation, la pollinisation ou la régulation du climat), mais aussi pour sa valeur intrinsèque, unique et irremplaçable. Elle souligne que la nature offre aussi des bienfaits encore méconnus pour la santé et le bien-être humain.
Pour Virginie Courtier-Orgogozo, il est impératif de changer notre regard sur le vivant, de ne pas se considérer supérieurs aux autres espèces, mais au contraire de reconnaître que chaque espèce possède des adaptations uniques et essentielles à l'équilibre global. Elle appelle à une prise de conscience collective et à des changements concrets dans notre manière d'interagir avec le vivant.
En conclusion, Virginie Courtier-Orgogozo propose d'adopter une vision différente du monde vivant, où l'humilité et le respect des interactions complexes entre les espèces sont privilégiés. Elle conclut en affirmant que notre avenir dépend de notre capacité à repenser nos relations avec la biodiversité, soulignant que nous n'avons qu'une seule planète à préserver.
Une action soutenue par la Région Normandie.