Océanographie, Vidéo : Mathilde Cannat - Révéler les mystères des abysses : Une urgence pour la Terre
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Conférencière : Mathilde Cannat est directrice de recherche émérite au CNRS géosciences marines de l'Institut de Physique du Globe de Paris.
Les grands fonds océaniques sont difficiles d'accès, mais ils ne sont pas la dernière frontière isolée du monde des humains que certains imaginent. Bien au contraire, sur 60% de la surface du globe, ils représentent une diversité de milieux et de processus essentiels aux équilibres biologiques, chimiques, et climatiques de la Planète. Et les grands fonds sont fragiles, et encore mal pris en compte par les régulations internationales. Pour mieux les préserver, il est temps de les considérer, et de les étudier, d'un autre oeil : comme composante dynamique du système Terre, essentielle pour l'habitabilité de notre planète. Dynamique sur le temps long, puisque le plancher océanique est sans cesse renouvelé aux dorsales médio-océaniques, puis englouti dans le manteau terrestre dans les zones de subduction. Et aux échelles de temps plus courtes puisque les grands fonds jouent par exemple un rôle majeur pour amortir les effets du changement climatique.

Dans le cadre de la conférence intitulée "Révéler les mystères des abysses : Une urgence pour la Terre", Mathilde Cannat, éminente directrice de recherche émérite au CNRS, nous plonge dans le rôle crucial des océans dans notre écosystème terrestre. Elle débute par remettre en question des idées reçues sur les océans, telles que leur âge par rapport à celui de la Terre, leur capacité à piéger le carbone, et leur statut de dernière frontière du monde sauvage.
Mathilde Cannat explique d'abord que si l'eau de la Terre est presque aussi vieille que la planète elle-même, l'eau des océans se renouvelle continuellement à travers le cycle de l'eau, avec un temps de résidence moyen de 3000 ans pour chaque molécule d'eau. Les fonds océaniques, elle continue, ne sont pas anciens non plus, leur âge varie entre zéro près des dorsales océaniques jusqu'à environ 180 millions d'années dans les zones les plus âgées.
Elle explore ensuite le rôle des océans dans le cycle du carbone, où ils jouent un rôle similaire à celui des forêts terrestres en piégeant le carbone à travers des mécanismes physiques et biologiques, contribuant ainsi significativement à la régulation du climat terrestre. Mathilde Cannat utilise des diagrammes et des données pour appuyer son exposé, montrant que l'interaction entre les cycles hydrologiques et géologiques façonne profondément la vie sur Terre.
En conclusion, elle invite à repenser notre relation avec les océans non pas comme une frontière à conquérir ou une ressource à exploiter, mais comme un élément essentiel et dynamique de notre propre environnement qu'il faut comprendre et respecter. La conférence est une invitation à voir les océans non seulement comme un mystère à révéler mais comme des partenaires vitaux dans la quête de la durabilité de notre planète, suggérant une cohabitation respectueuse plutôt qu'une domination destructrice.
Une action soutenue par la Région Normandie.