Éthique, Vidéo : Jean-Gabriel Ganascia - Difficile vérité à l'heure de la post-vérité, des réseaux sociaux et des "deep fakes" : quelle posture pour les scientifiques ?

Conférence donnée le 25 Novembre 2021 à 20h à l'Hôtel de Région de Rouen, dans le cadre de la 15e édition des Forums Régionaux du Savoir organisée par Science Action Normandie.

Publié le – Mis à jour le

Conférencier : Jean-Gabriel Ganascia, Professeur à la faculté des sciences de Sorbonne Université, chercheur au LIP6, président du comité d’éthique du CNRS (COMETS).

Plus que jamais, les scientifiques se trouvent dans une situation difficile. D’un côté, le savoir qu’ils ont accumulé apparaît crucial pour la conduite des affaires du monde. Songeons au rôle des vaccins ou aux enjeux majeurs que présentent aujourd’hui, pour l’humanité, la connaissance des virus et l’évaluation de l’empreinte carbone. Il est donc de leur devoir de porter les résultats qu’ils ont obtenus à la connaissance du plus grand nombre. D’un autre côté, les réseaux sociaux véhiculent toutes sortes de théories fausses ne reposant sur aucun fondement tangible. Comment faire, dans ce contexte, pour assumer ce devoir d’information qui incombe au scientifique et réfuter les arguments contraires, sans toutefois adopter une posture d’autorité que la société n’accepterait plus ?

Dans le cadre de la conférence intitulée "Difficile vérité à l'heure de la post-vérité, des réseaux sociaux et des "deep fakes" : quelle posture pour les scientifiques ? ", Jean-Gabriel Ganascia, éminent président du comité d’éthique du CNRS (COMETS), discute de la nature complexe de la vérité pour les scientifiques, mettant en avant que la vérité est une quête constante, sujette à révision et non une absolue. Jean-Gabriel Ganascia a illustré cette idée en citant l'exemple historique de la cosmologie, où les théories ont évolué grâce à la controverse et à la réfutation, soulignant l'importance de la falsification dans le progrès scientifique.

Il a ensuite abordé l'ère de la post-vérité, caractérisée par une valorisation de l'opinion sur les faits, où des figures politiques comme Trump ont démontré comment la vérité peut être éclipsée par le pouvoir. Jean-Gabriel Ganascia a illustré ceci avec des débats sur le réchauffement climatique et les vaccins, montrant comment les controverses scientifiques peuvent être amplifiées et déformées par les réseaux sociaux, entraînant une démocratisation des débats mais aussi des malentendus.

Il a mis en lumière les défis que cela pose aux scientifiques, qui doivent naviguer entre éclairer le public et maintenir leur intégrité sans se laisser entraîner dans des controverses politisées. Jean-Gabriel Ganascia a souligné l'importance de l'intégrité scientifique, de la transparence, et de la gestion des conflits d'intérêts, en discutant des pratiques questionnables et de la nécessité de distinguer clairement les opinions personnelles des faits scientifiques lors de la communication avec le public ou les décideurs politiques.

La conférence se conclut par un appel à une responsabilité accrue des scientifiques dans la communication de leurs recherches, soulignant le besoin d'engager le public à travers l'éducation scientifique et les sciences participatives pour mieux comprendre la démarche scientifique et ses implications dans la société contemporaine. Il a plaidé pour une meilleure appréciation de la démarche scientifique et de ses controverses historiques comme moyen d'éduquer et d'engager le public de manière constructive.

Une action soutenue par la Région Normandie.